Éviter les dépassements d’honoraires
Maîtriser ses dépenses de santé en évitant les dépassements d’honoraires
Chaque année, de plus en plus de praticiens décident de pratiquer des dépassements d’honoraires, en hausse d’environ 5 % depuis 2019.
Dans ce contexte, l’impact d’une bonne couverture santé n’a jamais été aussi fort sur les frais des Français. Comprendre quand les dépassements d’honoraires s’appliquent, comment ils sont remboursés et comment comparer les mutuelles permet de mieux maîtriser ses dépenses, sans renoncer aux soins.

Dépassement d’honoraires : la checklist
- Vous êtes susceptible de payer un dépassement d’honoraires si :
– le médecin consulte en secteur 2 ou hors OPTAM
– la consultation a lieu hors parcours de soins coordonnés.
– vous demandez un rendez-vous rapide ou un praticien précis.
– la consultation se déroule le soir, le week-end ou un jour férié.
– les tarifs annoncés dépassent le tarif conventionné. - Dans ces situations, les bons réflexes :
– vérifier les honoraires avant la consultation.
– consulter l’annuaire officiel des professionnels de santé.
– évaluer le niveau de remboursement de votre mutuelle.
Qu’est-ce qu’un dépassement d’honoraires ?
Un dépassement d’honoraires correspond à la part du prix d’une consultation ou d’un acte médical facturée au-delà du tarif conventionné par la Sécurité sociale. Concrètement, l’Assurance Maladie rembourse toujours sur la base de ce tarif de référence ; tout ce qui dépasse reste à votre charge, en totalité ou en partie, selon votre mutuelle. C’est un supplément librement fixé par certains médecins.
Ces pratiques varient selon le secteur d’exercice du professionnel de santé.
OPTAM (Option Pratique Tarifaire Maîtrisée) : certains médecins de secteur 2 s’engagent à limiter leurs dépassements en échange d’avantages sociaux. Pour vous, cela signifie des honoraires plus modérés et de meilleurs remboursements.
Secteur 1 : les médecins appliquent les tarifs conventionnés. Les dépassements d’honoraires sont très encadrés et restent exceptionnels.
Secteur 2 : les médecins peuvent pratiquer des dépassements d’honoraires, avec des tarifs libres.
Un point essentiel : l’information préalable.
Le professionnel de santé doit vous informer clairement du montant des dépassements avant l’acte, notamment lorsque ceux-ci sont élevés. C’est un droit : connaître le coût à l’avance vous permet d’anticiper le reste à charge et de faire un choix éclairé, en lien avec votre budget et votre couverture complémentaire.
Dans quels cas les professionnels peuvent-ils pratiquer des dépassements ?
Les dépassements d’honoraires ne sont pas systématiques : ils répondent à des situations précises, encadrées par la réglementation.
Premier cas fréquent : les médecins exerçant en secteur 2. Ces professionnels sont autorisés à fixer librement leurs honoraires, au-delà du tarif conventionné. Les dépassements doivent toutefois rester « raisonnables », notamment pour ceux ayant adhéré à l’OPTAM, qui s’engagent à modérer leurs tarifs.
Certains spécialistes très demandés ou exerçant dans des zones sous-dotées en médecins peuvent également pratiquer des dépassements d’honoraires. La rareté de l’offre de soins et des délais d’attente importants expliquent souvent ces pratiques, sans pour autant les rendre automatiques. Des situations particulières liées à votre demande peuvent aussi générer un dépassement : exigence d’un rendez-vous rapide ou choix d’un praticien précis plutôt qu’un autre disponible, par exemple. Dans ces cas, le supplément rémunère une contrainte spécifique.
Autre situation à connaître : les consultations hors parcours de soins coordonnés. Si vous consultez un spécialiste sans passer par votre médecin traitant (hors exceptions), le remboursement diminue et le reste à charge augmente, même sans dépassement élevé.
Enfin, certaines urgences ou contraintes horaires spécifiques (nuit, week-end, jours fériés) peuvent justifier un dépassement.
Comment sont remboursés les dépassements d’honoraires ?
Les dépassements d’honoraires ne sont jamais remboursés par l’Assurance Maladie. Celle-ci calcule ses remboursements uniquement sur la base de remboursement, un tarif de référence fixé par la Sécurité sociale, quel que soit le montant facturé par le médecin.
La part qui dépasse ce tarif reste donc à votre charge. C’est là que la mutuelle joue un rôle clé, d’où l’importance de comparer les garanties de votre complémentaire santé. Selon votre contrat, elle peut couvrir tout ou partie des dépassements. Les garanties sont souvent exprimées en pourcentage de la base de remboursement (BR). Une mutuelle à 100 % BR rembourse uniquement le tarif conventionné. À 150 % ou 200 % BR, elle peut absorber une partie, voire la totalité, des dépassements d’honoraires.
Exemple concret : quel reste à charge selon votre mutuelle ?
Consultation chez un médecin de secteur 2
Prix facturé : 60 €
Base de remboursement (BR) Sécurité sociale : 30 €
Remboursement de l’Assurance Maladie
70 % de 30 € = 21 €
Participation forfaitaire : – 2 €
= 19 € remboursés
Avec une mutuelle à 100 % BR
La mutuelle complète jusqu’au tarif de référence.
Remboursement mutuelle : 11 €
Total remboursé : 19 € + 11 € = 30 €
Reste à charge : 60 € – 30 € = 30 €
Avec une mutuelle à 200 % BR
La couverture maximale atteint 60 € (200 % × 30 €).
Remboursement mutuelle : 41 €
Total remboursé : 60 €
Reste à charge : 0 €
(hors participation forfaitaire de 2 €)
Comment limiter ou éviter les dépassements d’honoraires ?
Limiter les dépassements d’honoraires repose avant tout sur de bons réflexes, simples à mettre en place.
Lorsque c’est possible, privilégiez un médecin de secteur 1. Ses tarifs sont conventionnés et les dépassements restent exceptionnels. Cela permet de réduire fortement, voire d’éviter, le reste à charge.
Autre levier efficace : choisir un praticien adhérent à l’OPTAM. Ces médecins de secteur 2 se sont engagés à pratiquer des dépassements maîtrisés. Pour vous, cela signifie des honoraires plus modérés et des remboursements plus favorables, notamment via votre mutuelle.
Avant toute consultation, pensez à consulter les tarifs pratiqués. Les professionnels ont l’obligation d’afficher leurs honoraires et de vous informer en amont en cas de dépassement. Cette étape vous permet d’anticiper le coût réel et d’éviter les mauvaises surprises.
Pour vous aider, utilisez les annuaires officiels de professionnels de santé. Ils indiquent le secteur d’exercice, l’adhésion ou non à l’OPTAM et les tarifs habituels. C’est un outil précieux pour comparer et choisir en toute transparence.
Enfin, vérifiez l’adéquation de votre mutuelle à vos besoins réels. Si vous consultez régulièrement des spécialistes ou anticipez des soins spécifiques, une garantie couvrant mieux les dépassements d’honoraires peut s’avérer pertinente. C’est particulièrement vrai en dentaire : selon la DREES, près d’un dentiste libéral sur deux pratique des dépassements d’honoraires en 2024. Dans ce contexte, comparer les mutuelles dentaires permet d’identifier une couverture réellement adaptée et de limiter durablement votre reste à charge.
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Dépassement d’honoraires : la F.A.Q.
Est-il obligatoire de payer les dépassements d’honoraires ?
Oui, en principe, les dépassements d’honoraires sont à payer, dès lors qu’ils ont été pratiqués dans un cadre légal et que vous en avez été informé au préalable. Le professionnel de santé est tenu de vous communiquer clairement ses tarifs avant l’acte. Cette information peut être affichée en cabinet, mentionnée lors de la prise de rendez-vous ou donnée oralement.
Si cette obligation de transparence est respectée et que vous acceptez la consultation, le dépassement devient dû. En revanche, un dépassement non annoncé ou abusif peut être contesté.
À noter que le paiement du dépassement est indépendant du remboursement : vous avancez généralement la totalité des frais, puis vous êtes remboursé partiellement par l’Assurance Maladie et éventuellement par votre mutuelle. Pour éviter les surprises, l’anticipation reste la meilleure protection : connaître les tarifs avant la consultation permet de décider en toute connaissance de cause.
Est-ce que la CPAM rembourse les dépassements d’honoraires ?
Non, la CPAM ne rembourse jamais les dépassements d’honoraires. L’Assurance Maladie calcule ses remboursements uniquement sur la base du tarif conventionné, quel que soit le montant réellement facturé par le médecin.
C’est donc la mutuelle qui peut, selon le contrat souscrit, prendre en charge tout ou partie de ce dépassement. Les garanties sont exprimées en pourcentage de la base de remboursement : plus ce pourcentage est élevé, meilleure est la couverture. Sans mutuelle ou avec une garantie limitée, le reste à charge peut vite augmenter, surtout en secteur 2.
Est-il possible de négocier les dépassements d’honoraires ?
Oui, la négociation est possible, même si elle n’est ni automatique ni systématiquement acceptée. Vous pouvez poser la question avant la consultation, notamment pour des actes coûteux ou programmés. Certains médecins acceptent d’ajuster leurs honoraires en fonction de votre situation, de la fréquence des soins ou de vos contraintes financières.
Cette démarche est plus pertinente hors urgence, lorsque vous avez le temps d’échanger et de comparer. Elle peut aussi s’inscrire dans une relation de suivi régulier avec un praticien.
Attention toutefois : le médecin reste libre de ses tarifs en secteur 2, et il n’a aucune obligation d’accepter une baisse. En revanche, l’échange doit toujours être transparent. Demander un devis ou une estimation avant un acte important est un réflexe utile. Cela vous permet de vérifier la prise en charge par votre mutuelle et d’éviter un reste à charge imprévu.
Comment contester un dépassement d’honoraires ?
La contestation d’un dépassement d’honoraires est possible lorsque vous estimez qu’il est injustifié, excessif ou insuffisamment expliqué. Première étape : échanger directement avec le professionnel de santé. Une incompréhension peut parfois être levée simplement, notamment sur la nature de l’acte ou le tarif appliqué.
Si le dialogue n’aboutit pas, vous pouvez saisir la CPAM, qui vérifiera si les règles ont été respectées, notamment l’obligation d’information préalable et le caractère « raisonnable » du dépassement. Des justificatifs peuvent vous être demandés.
En parallèle, certaines mutuelles accompagnent leurs assurés dans ces démarches. Une plainte auprès de l’Ordre professionnel concerné peut être envisagée. Si le professionnel de santé a manqué à ses obligations d’informations sur les tarifs, le patient peut saisir la DGCCRF. Pour limiter ce type de situation, le meilleur réflexe reste la prévention : demander les tarifs à l’avance et conserver toute trace écrite liée à la consultation.
Sources :
https://www.ameli.fr/medecin/exercice-liberal/vie-cabinet/convention-secteurs-adhesion/secteurs-conventionnels
https://www.service-public.gouv.fr/particuliers/vosdroits/F17042
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